Marie Sterlin

Marie Sterlin

Marie Sterlin
Photo : Julia Marois

L'Institut Jacques-Couture de l'Université TÉLUQ choisit d'organiser les Rencontres Émile-Ollivier en hommage à ce penseur et artiste. Ces rencontres multiperspectives regroupent, notamment et selon la thématique choisie, des intervenants et intervenantes du monde scientifique et des organismes communautaires, des étudiants et étudiantes, etc.

« C'est un bonheur très grand de vous lire. Vous jugez de ma surprise d'abord et de mon émotion par la suite, à la lecture de votre message que je parcours trois fois pour être certaine de bien comprendre. Tout l'honneur est pour moi. […] C'est avec fierté que je m'associe aux noms des récipiendaires qui m'ont précédée. Si vous ne le savez pas, je vous le dis ici, je suis toujours heureuse de partager mes connaissances et de créer des ponts quand l'occasion m'est donnée. » Ce sont les paroles de madame Sterlin à l'annonce du prix qui lui a été décerné. Elles illustrent bien les raisons profondes de cette récompense que nous lui décernons : son humilité, son dévouement, son esprit de partage et sa vision collective du monde qui nous entoure.

Marie Sterlin est née à Port-au-Prince, Haïti, mais elle a immigré très jeune au Québec, puisque son père y terminait ses études en médecine et qu'il y était déjà installé. Elle a une formation en philosophie de l'Université de Montréal. Avant de s'impliquer sur le tard en politique municipale, elle a été documentariste et recherchiste dans plusieurs organisations : Télé-Québec, Radio-Canada, TV5, La Presse et Châtelaine, entre autres, pendant plus de 20 années.

Elle s'est intéressée particulièrement à la littérature, aux questions d'identité, sociale, sexuelle et ethnique. Sa passion depuis plus de dix ans est la gentrification. Son livre, Gentriville, est son premier livre à titre de coauteure relatant les transformations que vivent les Montréalais avec l'inabordabilité croissante du logement. Elle démontre comment Montréal est tranquillement devenue un ensemble de quartiers convoités.

D'ailleurs, la vie de quartier passionne Marie Sterlin. On la surnomme l'ange du Mile End de Montréal, quartier dans lequel elle a emménagé en 2004. Madame Sterlin y a tissé de nombreux liens : avec ses voisins, à l'école du quartier, dans les comités d'école, dans les comités de verdissement et d'aménagement du territoire, au cours d'initiatives de fêtes locales. Madame Sterlin veille également au partage de ressources entre voisins, puisque pour elle, les membres d'un quartier doivent s'entraider pour offrir le meilleur des environnements aux enfants et aux personnes vulnérables.

Aujourd'hui, Marie Sterlin tente de continuer ses actions de bienveillance et de citoyenne engagée au sein de l'administration de la Ville de Montréal, puisqu'elle a été élue conseillère représentant le Mile End dans le district Plateau-Mont-Royal depuis 2021. À ce titre, madame Sterlin continue d'initier et de participer à des innovations sociales, citoyennes et éducatives. Son dernier témoignage en lice est celui de la première place-école aux abords de l'école primaire Paul-Bruchési. De cette réalisation de ses collègues de Delorimier, le district voisin, Marie Sterlin dit : « Nous voulions un endroit qui favorise les échanges intergénérationnels. Par exemple, l'an passé, on a organisé une activité de cabane à sucre avec les ainés qui habitent ici, juste à côté. C'est le modèle qu'on voulait créer et les résultats sont là. Ça fonctionne ».

Par ailleurs, Marie Sterlin continue son travail sur les effets destructeurs de la gentrification et accompagne les drames personnels des locataires qui n'ont pas de recours, des situations qui changent les vies, modifient les réseaux de leur quartier. La crise du logement est une crise d'identité.

Nous la remercions aujourd'hui de son apport positif à notre société dans sa réalité actuelle en lui remettant ce prix parce qu'elle contribue grandement à son rayonnement et à son meilleur fonctionnement. Par son parcours remarquable, madame Marie Sterlin témoigne bien de l'esprit et des actions engagées, citoyennes et communautaires de Jacques Couture. Son travail correspond aux valeurs et à la mission de l'Institut. S'il était avec nous aujourd'hui, Jacques Couture approuverait sans aucun doute le choix de madame Sterlin à titre de lauréate de ce prix portant son nom.

Le prix Jacques-Couture est assorti d'un parchemin et d'un chèque de 1000 $.