Rachida El Ghannami
L'Institut Jacques-Couture de l'Université TÉLUQ choisit d'organiser les rencontres Émile‑Ollivier en hommage à ce penseur et artiste. Ces rencontres de recherche multiperspectives regroupent, notamment et selon la thématique choisie, des intervenants et intervenantes du monde scientifique et des organismes communautaires, des étudiantes et étudiants, etc.
À l'occasion de la cinquième rencontre Émile-Ollivier, l'Institut Jacques-Couture décerne son troisième prix Jacques-Couture à madame Rachida El Ghannami afin de souligner son travail assidu auprès d'étudiants et d'étudiantes en francisation.
Originaire du Maroc, Rachida El Ghannami a vécu plusieurs années en France avant d'immigrer au Québec en 2000. Elle détient un doctorat en sciences du langage; sa thèse portait sur la littérature orale, plus précisément sur les contes fantastiques arabes recueillis dans la région d'Oujda, au Maroc, s'intéressant à leur classification, structuration, interprétation et traduction. Sensible à la dimension culturelle de la langue, elle a plus tard effectué des recherches dans le domaine du transfert des plantes, de la Méditerranée arabophone aux Amériques. Les plantes traversent les frontières, selon madame El Ghannami, puisqu'un habitant d'un pays arabophone du bassin méditerranéen ne peut se sentir complètement dépaysé dans un marché d'Amérique latine, car il y trouvera grand nombre d'herbes aromatiques et de noms de plantes lui étant familiers. Le transfert linguistique et culturel des plantes s'effectue également vers l'Amérique du Nord : « Plusieurs de ces plantes aromatiques sont également présentes dans le Sud de la France et ont fait partie de transferts transatlantiques avec l'Amérique du Nord, apportant ainsi une part de cette culture méditerranéenne jusqu'au Canada », écrit-elle.
Elle a également collaboré avec le laboratoire français Langues et Civilisations à Tradition Orale (LACITO), spécialisé dans l'exploration de la diversité linguistique à travers les cinq continents. En s'appuyant sur un travail de terrain, elle a pu y présenter des exposés sur les différentes façons du détour de la parole dans la société maghrébine et sur la difficulté de traduire l'implicite lors du passage d'une langue à une autre.
Avec son amour de la langue et de la culture, Rachida a choisi d'enseigner au ministère de l'Immigration, de la Francisation et de l'Intégration afin de contribuer à la vitalité du français et d'aider les personnes immigrantes comme elle à s'intégrer à leur société d'accueil. Elle accompagne des immigrants venus s'installer au Québec dans leur cheminement du programme de francisation et d'intégration du ministère de l'Immigration, de la Francisation et de l'Inclusion (MIFI). Parmi les étudiants et étudiantes de ce programme, on retrouve des infirmières et infirmiers, des informaticiens et informaticiennes, des économistes, des urbanistes, des ingénieurs et ingénieures, et des graphistes originaires de divers pays comme l'Iran, Israël, la Syrie, les Philippines et la Chine, et qui sont installés à Montréal depuis moins de quatre ans.
Madame El Ghannami enseigne maintenant depuis plus de dix ans à l'Université de Montréal, où elle partage avec ses étudiantes et étudiants sa passion pour la langue française et ses connaissances du Québec, notamment ses institutions, sa culture et ses valeurs. Au-delà des murs du savoir, elle encourage ses étudiantes et étudiants à faire du bénévolat pour pratiquer leur français tout en s'impliquant dans leur communauté. La francisation est aussi un travail d'accompagnement sur le plan de l'intégration socioculturelle. C'est pourquoi elle encourage ses étudiants et étudiantes à se familiariser avec le Québec et ses régions en organisant des sorties afin de découvrir les diverses options qui s'offrent à eux et elle les accompagne dans leur recherche d'emploi.
En 2022, Rachida El Ghannami a été honorée par l'Office québécois de la langue française et le ministère de l'Immigration, de la Francisation et de l'Intégration.
Nous la remercions aujourd'hui de son apport positif à notre société dans sa réalité actuelle en lui remettant ce prix et parce qu'elle contribue grandement à son rayonnement et à celui des étudiants et étudiantes en francisation au Québec. Par son parcours remarquable, madame El Ghannami témoigne bien de l'esprit et des actions de Jacques Couture. Son travail correspond également aux valeurs et à la mission de l'Institut. S'il était avec nous aujourd'hui, Jacques Couture approuverait sans aucun doute le choix de Rachida El Ghannami à titre de lauréate de ce prix portant son nom.
Le prix Jacques-Couture est assorti d'un parchemin et d'un chèque de 1000 $.